Évolution artistique et oeuvres antérieures
Mon travail artistique a toujours été guidé par un désir profond d’explorer la relation complexe entre la perception, le regard et la conscience. Les oeuvres antérieures que j’ai réalisées témoignent de cette évolution constante, où chaque projet constitue une étape dans l’élargissement de ma réflexion. En m’appuyant sur des installations immersives et expérimentales, j’ai cherché à interroger, à travers le regard, la manière dont nous percevons notre environnement et comment cette perception peut influencer et transformer notre conscience.
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Une exploration du regard et de la perception
Dès mes premières réalisations, j’ai adopté une approche expérimentale, cherchant à brouiller les frontières entre ce que l’on voit et ce que l’on ressent. Le regard, dans ce processus, devient un instrument actif qui façonne notre perception du monde. Un de mes premiers projets marquantes, « Kaléidoscope du ciel », incarne parfaitement cette démarche. L’installation se compose d’un grand œil constitué de miroirs qui reflètent l’image du spectateur dans l’immensité du ciel. Ce jeu de miroirs fragmentant l’image crée une expérience où le spectateur, en se voyant ainsi éclaté, prend conscience de son regard et de la manière dont il décompose l’environnement. Cette fragmentation du regard pousse à une prise de conscience élargie de soi, où l’individu devient à la fois sujet et objet de sa propre perception. C’est un moment de confrontation avec soi-même, où l’image éclatée du regard permet une compréhension nouvelle de l’interaction entre le sujet et son environnement. Le regard n’est plus seulement un moyen passif de recevoir l’information visuelle, mais devient un processus actif et réflexif.
Dans une autre série, « Dianatura », j’ai voulu pousser cette réflexion plus loin en transposant cette idée dans le domaine de la photographie. Le diaphragme de l’appareil photo, qui régule la quantité de lumière entrant dans l’objectif, devient ici une métaphore de l’iris de l’œil. Ce diaphragme ne se contente pas de capter la lumière, il absorbe la couleur de ce qui est observé. De cette manière, l’iris devient un symbole de la conscience, en perpétuelle transformation en fonction de l’environnement qui l’entoure. Dans ce travail, l’expérience du regard devient immersive. Observer, c’est non seulement percevoir, mais aussi se fondre dans ce qui est observé, jusqu’à ce que les frontières entre le soi et l’objet de l’observation disparaissent. La conscience se transforme au contact de ce qu’elle perçoit, et le regard devient une véritable fenêtre sur cette transformation constante.
Du visuel au sonore : un dialogue entre les sens
L’une des directions les plus fascinantes de mon travail a été la transposition de la perception visuelle en expérience sonore. Dans certaines de mes installations, j’ai voulu explorer comment ces deux sens pouvaient se compléter, se traduire l’un l’autre et créer une expérience multisensorielle. Un exemple de cette exploration est l’installation « Symphonie des métaux », où le regard devient un véritable chef d’orchestre. Cinq tambours suspendus sont activés par le regard du spectateur, produisant des sons en fonction des mouvements et de l’attention visuelle. Le spectateur, en orientant son regard, devient capable de générer des ondes sonores, transformant ainsi l’acte de regarder en un geste créatif, capable de produire une expérience sonore unique.
Dans l’installation « De l’un à l’autre », le principe va encore plus loin en utilisant la lumière du soleil comme source d’interaction. Une « flûte visuelle » est placée sous les rayons solaires et réagit à l’intensité lumineuse en produisant des sons. À chaque variation de la lumière, le son modulé par la flûte varie lui aussi, créant une interaction dynamique entre la lumière et le son. Cette expérience cherche à effacer les frontières entre les différents sens en permettant au spectateur d’entendre ce qu’il voit, et de voir ce qu’il entend. Ce processus met en évidence le rôle actif du regard, qui, loin d’être un simple récepteur, devient un acteur capable de produire des sensations auditives à partir de phénomènes visuels. Cette démarche est en parfaite adéquation avec les théories neuroscientifiques contemporaines sur la plasticité neuronale.
Une dimension interactive et sensorielle
Les dispositifs électroniques intégrés à ces installations, notamment les détecteurs de présence et les sources sonores invisibles, ont joué un rôle clé dans l’engagement du spectateur. Ces éléments technologiques ont permis de créer une interaction entre l’œuvre et celui qui la contemple, transformant le spectateur en acteur de l’expérience sensorielle. L’artiste n’est plus le seul créateur de l’œuvre, mais le spectateur, par son regard, joue également un rôle essentiel dans la production de cette œuvre. Ces installations ont ainsi jeté les bases d’une réflexion plus profonde sur la possibilité de stimuler un sens par un autre, créant un dialogue entre le visible et l’invisible, l’auditif et le visuel. Cette recherche est une quête qui continue de se développer aujourd’hui sous une forme plus épurée et organique, où le regard, la conscience et les sensations se mélangent pour offrir une expérience immersive et complète.
En résumé, à travers mes œuvres antérieures, je cherche à interroger la perception et la conscience, tout en transformant le regard en un véritable instrument d’exploration sensorielle. C’est dans cette quête que se trouve l’essence de ma recherche artistique.